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randophilo
19 juin 2008

Compte rendu de notre rando-philo du Vendredi 13 juin.

Belle randonnée, avec, au gré de la marche, l'éclosion de nos pensées.La question du jour était:

"Mon apparence: ce qui me dissimule ou ce qui me révèle?"

Très vite la discussion a envisagé deux perspectives possibles:

1)La profondeur du masque; que cache-t-il? Le masque suppose un au-delà de lui même.

2)La plasticité du masque, il change de forme mais ne dissimule rien de plus que ce qu'il montre.Rien en dessous.

Bref existe-t'il un au-delà du masque?

Virginie a parlé de la comédie"sociale" des apparences.Quel rôle jouons nous et pourquoi jouer un rôle?

1) Jouer la comédie sommes toutes "vulgaire"et inévitable du mensonge social, cela est entendu mais ce qui trouble c'est lorsque celui qui joue se prend au sérieux.Est -ce de sa part une mauvaise foi au carré, duplicant le premier mensonge ou alors s'agit il d'une perte de contrôle au point que, devenu prisonnier du rôle qu'il joue, il oublie qu'il s'agit d'un jeu? Comment en arrive-t-on à perdre la distance? S'identifier à son rôle social et s'y réduire, quand il n'existe plus le moindre"jeu" au sens d'écart (comme quand on dit qu'il y a du jeu dans un mécanisme),voilà qui est étrange voire agaçant.Mais celui là qui s'est "pris" au jeu comme on est "pris" dans de la glue a-t-il conscience ou pas de son mensonge?Et qu'en est-il de sa liberté?

Ces gens là se racontent avant tout une histoire à eux mêmes, victimes de leur propre mensonge.Bénéfice secondaire, ils refusent de voir la vérité en face, le masque peut-être une fuite.N'être qu'un masque, et s'y astreindre, c'est tout un art, difficile à qui ne pratique pas,du coup ces êtres oublient leur propre profondeur, cette capacité à n'être pas seulement ce que je parais être.D'ailleurs on trouve dans cette comédie des apparences souvent le sentiment pénible d'un vide, quand ça commence à sonner 'creux', circulez il n'y a rien à voir à l'intérieur.Nous avons avancé l'idée que ces personnes engluées dans leur rôle social souvent n'expriment aucun états d'âme.Comme si la comédie des apparences était surtout celle du bonheur.Je me montre heureux donc je suis heureux; mais le bonheur en général, nous le savons, est rarement ostensible et provient non pas de s'exhiber mais au contraire de s'intérioriser.D'où l'idée classique mais ô combien vraie que le bonheur ne relève pas de "'l'Avoir" (extériorité)mais de "L'Etre"(intériorité). Cf Alain et ses PROPOS SUR LE BONHEUR ou Epicure dans sa LETTRE A MENECEE.

Cette attitude n'est elle pas l'équivallent du "divertissement pascalien", pour oublier que j'ai une profondeur c'est à dire une  reflexion, une aptitude à la remise en question et donc à douter de mon propre rôle? Bref se noyer dans ce divertissement est un oubli de soi.Un masque! et vite !pour que je m'oublie!C'est accaparant de jouer un rôle.Eh!oui.

2) Mais la mort, sa possibilité peut me ramener à mon vrai visage.Qui suis je véritablement si un jour le masque tombe? Un texte de Pascal lu durant notre randonnée philosophante, affirme que justement ce "MOi" que je dissimule parfois comme mon être profond n'existe pas, "JE" ne suis RIEN, parcelle de Néant.Brrr froid dans le dos, et si l'ultime vérité était que la croyance en la profondeur n'était qu'un leurre, un truc pour se rassurer.Sous le masque, un autre et encore un autre masque, rien que des rôles superposés.Voilà pourquoi la vérité sur moi même est si insaisissable, nous ne sommes donc qu'une suite de masques, plus ou moins vrais plus ou moins faux,  ce n'est plus le problème puisque la vérité n'existe pas.

Alors que cachent tous nos masques, toutes nos apparences?

Du vide et notre horreur du vide est telle que nous sommes contraints de jouer tel ou tel rôle.Alors ne jugeons plus des apparences, sachons y voir simplement la tentative désespérée par chacun d'échapper au vide et à cette absence de nous mêmes et à nous mêmes.L'identité, au sens d'être identique à soi, n'existe pas.

Conclusion: cherchons entre tous nos masques cette part de liens invisibles qui peut-être entre eux les harmonisent.En revanche, ne nous prenons JAMAIS au sérieux.

Désolée pour le pessimisme de la conclusion, mais le temps était à la pluie ce jour là et une mésaventure concernant une vieille dame sur notre chemin m'a ramené au doute des sceptiques les plus grands.Alors je te salue SEXTUS EMPIRICUS.

Pour vous servir:Catherine.

Merci à Virginie, à sa sincérité réelle et non pas feinte, d'avoir choisi ce masque parmi tant d'autres, le plus difficile à assumer et à porter, d'où parfois la souffrance, le mal devant ceux qui ont choisi des masques plus faciles à porter.

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Commentaires
V
je relis ces phrases ... l'été a passé...<br /> et pourtant tout reste intact dans ma mémoire.<br /> questionnement si profond ...<br /> l'apparence qui protège ...<br /> la peur du vide, l'angoisse du néant<br /> mais détourne de son être ... le dissimule et simule un autre ?<br /> alors refus d'apparence : quête de sens ? quête d'authenticité ... pure illusion ??<br /> agglomérats d'atomes, poussière d'étoiles...<br /> nous constituent, si semblables, si différents<br /> construction physique - construction mentale<br /> comment rester soi ? qu'est ce que le "soi" ? comemnt le (re)trouver ?<br /> quel voile nous sépare-t-il de notre "être vrai", notre "intériorité" ? l'harmonie de l'apparence et de l'être profond ? illusion encore ?<br /> comment le percevoir ? le regard ? les yeux sont-ils vraiment le miroir de l'âme ?<br /> réflexions à poursuivre ??<br /> merci +++ à toutes les 2 de ces moments, de ces échanges passionnants<br /> c'est la rentrée, bientôt l'automne, philorando reprend-elle ?
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randophilo
  • pour faire le lien entre le corps et l'esprit, des marches dans la nature pour s'élever et prendre un peu de recul sur le sens de nos actes et de nos vies en s'appuyant sur des textes de grands philosophes .
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